Algérie en couleurs 1954 - 1962
PETITE EXPO A LA MAIRIE DE PARIS
Algérie en couleurs 1954 - 1962
Slimane Zeghidour et Tramor Quemeneur
Editions les Arênes
Expo proposée par M. Briançon
Ce livre est un livre sur une Algérie qui n'existe plus d'où son intérêt anthropologique, car c'est un livre de photos sur l'Algérie en guerre. Ces photos présentent ce qui a disparu :
· Maisons de pierres taillées aux toits de tuiles sarrasines
· Le Guenour, le pantalon loubia, les mocassins traditionnels etc..
· Perte des gestes de certains travaux de l'artisanat.
Slimane Zeghidour écrivain, journaliste né en 1953 a vécu toute son enfance dans le camp de Erraguène, noyé par un barrage hydroélectrique en 62.
Tout le paysage de son enfance a totalement disparu et de son village natal El Oued Dja en Kabylie et du camp. C'est suite à un article qu'il a fait dans la revue GEO en 1991, qu'il reçoit un coup de fil via le journal de Mr Philippe Gautier qui était officier à Erraguène et qui a pu lui donner les photos prises à l'époque.
Son village totalement enclavé comme d'autres et pouvaient être le lieu de repli pour les combattants nationalistes, aussi l'armée française a décidé de les bruler ou les détruire et de réinstaller les fellahs et leurs familles dans des camps dits de regroupement. Baraques construites par eux avec l'aide de l'armée l'ont été en respectant strictement la configuration topographique du village d'origine
Il y a un héliport et surtout il y a la 1ère école sous tente, au début les cours sont donnés par les soldats puis Mme Cabanal volontaire venue de la métropole, on la voit sur la photo avec ses élèves, en 1954 seul 14% des algériens étaient scolarisés.
Les photos de femmes vêtues de belles couleurs bariolées, les hommes sont au combat ou en prisons ou dans l'armée.
Les soins médicaux étaient donnés par les soldats, des français qui se vouent à cela, sorte d'humanitaire avant l'heure. Beaucoup de tuberculose, taux de mortalité infantile élevée, sans compter la misère économique faute de pouvoir cultiver la terre.
Paradoxe : 1ère vraie rencontre entre l'Algérie profonde rurale et ces soldats français qui pour beaucoup étaient aussi des paysans. Ce n'était pas l'Algérie des manuels scolaires, l'Algérie c'est la France ! Selon la maxime la méditerranée traverse la France comme la seine traverse Paris !
Les conséquences à court et long terme sont immenses sans parler du choc traumatique du déracinement et la perte des repères culturels liés à la vie dans le camp.
Ø 2 500 000 ruraux déplacés
Ø 16 000 villages déplacés dans 1000 camps soit 40% de la paysannerie .sur le plan anthropologique c'est énorme car ces villages n'ont plus jamais été réoccupés. A aucun moment le nouveau gouvernement algérien ne s'est préoccupé de rendre à nouveau vivables ces villages. Les luttes intestines l' occupait.
Ø et par la suite les fellahs vont s'exiler en ville, ville vidée des français la guerre terminée. Ce fut un autre traumatisme et choc culturel pour ces paysans, qui pour la 1ère fois voient, la mer, un lampadaire, un bus, l'électricité…. le pire fut l'ostracisme des algérois vis-à-vis de ces paysans, on les a appelés les sabots de chèvres, bouseux… la vengeance de cette population rurale a été de ruraliser les villes !
Ø bidonvilles qui prolifèrent aux alentours des villes avec le drame, pour ces déracinés qui y habitent et n'ont nulle part où être qui de plus ne peuvent pas entrer dans la société de consommation. D'où antagonisme entre élites dans la civilité urbaine et la « plèbe », posant une vraie question du vivre ensemble et de l'état de droit.
Un reportage sur ce livre est passé à la TV algérienne il y a quelques mois dans le mêmes termes où je les rapporte .
NB : A cette époque « notre cher Maurice Papon » préfet de Constantine a fait une circulaire : il ne faut pas dire camp de regroupement mais centre de regroupement.
L'expo présente peu de photos mais dans le livre beaucoup de photos fort belles et émouvantes et les notes de l'auteur aussi.
Michèle Briançon































