Baba Merzoug

BABA MERZOUG



Brest : un canon mythique réclamé par Alger
Transformé en colonne reposant sur un socle de granit à Brest, un canon qui a défendu Alger durant deux siècles.

Il s’appelle « Baba Merzoug » pour les Algériens, la « Consulaire » pour les Français : un canon de bronze de près de 7 mètres et d’une portée de 4,8 km, qui a déchiqueté deux consuls français au XVIIème   siècle à Alger, se trouve depuis 1830 à Brest, coiffé d’un coq qui retient sous sa patte un globe terrestre.

Belkacem Babaci, spécialiste de l’Histoire d’Alger et auteur de L’Epopée Baba Merzoug (Ed. Colorset), affirme que les Algériens ont « reçu une promesse claire de l’Elysée qu’il doit nous être restitué à l’occasion du 50ème  anniversaire de l’indépendance ». Mais en cette période d’élection présidentielle française, les membres du comité craignent que « la promesse ne soit pas tenue » et mènent désormais campagne.

Ce canon, avec ses 12 tonnes fondues en 1542 par un artiste vénitien à Alger, a vu le père missionnaire lazariste Jean Le Vacher, consul d’Alger, attaché à sa bouche en 1683, en représailles au bombardement d’Alger par l’amiral Duquesnes. Celui-ci réclamait aux Ottomans tous les esclaves chrétiens.

En 1688, lors d’une attaque similaire commise par le maréchal Jean d’Estrées contre Alger, le consul André Piolle a subi le même sort. D’où l’appellation française de « Consulaire » pour cette pièce d’artillerie.

En 1830, dans une missive adressée au ministre de la Marine et des Colonies de l’époque et rappelant la mort horrible du consul, l’amiral Guy Victor Duperré, commandant la flotte de la conquête d’Alger, demande le transfert à la base navale de Brest de la Consulaire arrivée à Toulon par mer. « J’ose réclamer en son nom (Le Vachet), et pour la marine, ce trophée de la Marine française. Comme préfet maritime de Brest, j’oserai demander de plus que le don en soit fait à ce port dont les armements ont une si grande part à la campagne d’Alger ». « C’est la part de prise à laquelle l’armée attache le plus grand prix », plaide-t-il encore.

Or les Algériens chérissent ce canon, alors le plus puissant de Méditerranée, qui a défendu Alger depuis le Môle Kheireddine (jetée Barberousse), site de l’actuelle Amirauté. « Son nom de Baba Merzoug veut dire Papa fortuné (au sens de chanceux) et béni, en référence au père qui défend sa famille et du mot arabe Marzouq », explique Smaïl Boulbina, un médecin passionné d’histoire et porte-parole d’un comité tout juste créé pour demander la restitution de la pièce d’artillerie. « Baba Merzoug doit retrouver sa place à Alger, d’ici le 5 juillet 2012, après 182 ans d’absence », plaide M e Fatma Zohra Benbraham, présidente de ce comité.

La Consulaire trône aujourd’hui au sein du complexe naval de l’Arsenal de Brest. Pour Me Benbraham, Baba Merzoug est un « prisonnier de guerre » qu’il est temps de « libérer ». Quant à Boulbina, il insiste pour qu’il soit ramené par la Marine algérienne. « Il a été transporté d’Alger à Toulon par mer : il doit rentrer par mer ».



06/08/2012
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